Pouvez-vous présenter l’action de votre coopérative ? Au départ, c’est la réunion improbable d’activistes environnementaux qui décident de s’atteler à la question démocratique comme outil d’inflexion des trajectoires délétères sur la biodiversité, le climat, l’agriculture ou le développement des grandes infrastructures. Tentons de défricher de nouvelles façons de faire, pour aérer un peu un modèle démocratique en souffrance et peu armé pour s’emparer à hauteur des enjeux de transition. Depuis 20 ans, on est donc toujours en train de bricoler, d’essayer de trouver la martingale pour accélérer et renforcer les capacités collectives au changement. La question de la coopération est assez centrale dans notre ADN car nous sommes tous tellement différents dans notre tribu que cette modalité de travail, cet esprit particulier, nous a permis l’engagement commun sur ce temps long. Un des bénéfices collatéraux de cette valorisation de nos différences, est qu’on aime les gens, leur diversité. Quels sont les principaux leviers pour activer ou renforcer le pouvoir d’agir des habitants ? Nous sommes tous embarqués dans la transition, notamment dans son volet climatique. Ce n’est plus une hypothèse car tout un chacun, même dans son couloir d’intérêt, est percuté. Trop chaud, pas d’eau, les copains du Sud qui déboulent aux frontières, bref, peu de doute qu’il va falloir se mettre en route. Faire transition, c’est faire mouvement et la caractéristique du mouvement, c’est le déséquilibre avec son volet d’incertitude qui met nos communautés en tension. Pour prendre une image organique, quand on trébuche, on se rattrape sur celui d’à côté sans lui demander d’où il vient, c’est une définition pratique de la coopération. Activer le pouvoir d’agir, c’est déjà faire émerger la coopération comme principe d’action salvateur. La question de la communauté est également centrale ce qui n’est pas sans interroger l’échelle pratique pour le faire mais en tout cas, passer du « je » au « nous » démultiplie le pouvoir d’agir. C’est également de l’outillage, des façons de faire rarement endogènes au groupe, un apprentissage, une animation au sens de l’anima, du souffle. Enfin, au regard de ce monde incertain, il faut quelques clés de réassurance pour permettre l’engagement. Valoriser le chemin autant que le produit, travailler sur les actions sans regret et surtout peut-être poser le droit à l’erreur et l’humilité comme condition humaine pour ne pas se mettre sous le plafond de verre. Comment se concrétise votre accompagnement d’aquitanis ? La rencontre avec aquitanis s’est faite il y a quelques années autour d’un projet d’habitat participatif en location sociale*, un nouveau bricolage pour nous. Du bonheur car nous y avons retrouvé la puissance des communautés d’habitants et ces moments magiques du collectif, d’abord naissant, puis qui s’affirme dans sa signature. Et puis, une belle rencontre avec les équipes d’aquitanis coutumières du « pas de côté », un registre singulier pour un bailleur social. Aujourd’hui, toujours là, en appui plus ou moins opérationnel et en animant un espace assez privilégié avec les équipes de la Direction de l’aménagement urbain. On chemine ensemble sur les dispositifs à inventer, sur le sens à donner à cette question de la participation habitante, sur les écueils, les possibles et les voies sans issues. On échange nos pratiques et on fait communauté de travail, on coopère sur ce sujet complexe. Le développement de la coopération au sein d’aquitanis est une condition puissante de sa capacité à la développer au sein de ses communautés externes. Dit autrement, le mode de faire à l’intérieur de l’organisation contamine l’extérieur. * Locus solus - 46 logements - Le Grand-Parc - Bordeaux 3 Axes RSE aquitanis 4 ODD