Conclusion du discours de Léon Jouhaux, prix Nobel de la paix en 1951 Défiler le texte Nous avons constamment défendu les deux principes inséparables de la sécurité collective et du désarmement général préparé par le recensement et le contrôle internationaux des effectifs militaires et des engins de guerre de toutes catégories. Une synthèse de notre doctrine a été tentée à l’occasion du Congrès de la C.I.S.L. à Milan en juillet 1951, dans le rapport sur le rôle du mouvement syndical dans la crise internationale. Nous y avons fixé nos objectifs : d’abord et avant tout, épargner à l’humanité la grande épreuve d’une troisième guerre mondiale. Nous y avons posé nos principes : agir dans le cadre et sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, développer l’esprit de communauté et l’esprit social, revenir aux disciplines économiques collectives. Nous y avons exposé des formes d’action et elles étaient avec l’organisation de la répartition des matières premières et la fixation du prix des produits de base, la résolution du problème du logement, la lutte contre les méthodes restrictives de production pratiquées par les cartels nationaux et internationaux et surtout la participation effective des travailleurs organisés à la direction des affaires économiques et sociales de chaque pays et du monde. Comme ce Congrès est la plus récente des grandes manifestations de la volonté de paix des syndicats libres, je crois que je ne saurais donner une meilleure conclusion à cet historique de 50 ans d’action syndicale, en faveur de l’organisation rationnelle du monde et de la paix qui sont absolument inséparables, que les dernières lignes de ce rapport à peine modifiées. Le mouvement syndical libre est appelé à jouer un rôle essentiel dans la lutte contre la crise internationale et pour l’avènement de la vraie paix. Le champ de la tâche est immense et son urgence égale son ampleur. Notre mouvement entend y vouer ses efforts sans compter. J’ajoute qu’il puisera des encouragements de grande valeur dans des interventions récentes de délégués gouvernementaux à la 3e Commission de l’Assemblée Générale actuelle des Nations Unies. Le délégué de Cuba, M. Ichaso entre autres, a montré que certains milieux officiels étaient acquis à la notion que nous défendons depuis des années et que nous avons déjà réussi à faire inscrire dans la Traité de Versailles : le désordre économique et la misère sont parmi les causes déterminantes des guerres. La décision du Comité du Storting qui, en m’attribuant le Prix Nobel de la Paix 1951 a reconnu et proclamé la valeur et la constance des efforts pacifistes des syndicalistes, ne peut que faciliter encore plus la diffusion de ces idées et étendre considérablement leur champ d’action. Il renforce maintenant la volonté commune de ceux qui les ont conçues et proposées à la méditation des hommes et de ceux qu’elles ont conquis, de travailler sans relâche à l’édification d’une Société libérée de l’injustice et de la violence. Nous savons bien, hélas ! que les hommes et les civilisations sont mortels. Nous voulons laisser à la nature insensible la responsabilité de leur disparition et libérer enfin l’humanité du remords d’avoir engendré Caïn. RAPPEL HISTORIQUE