Les Français concentrent-ils vraiment leurs dépenses de courses au moment où les salaires leur sont versés ? L’inflation modifie-t-elle ces habitudes ? Début et fin de mois sont des éléments clés pour les distributeurs. Nous allons tenter d’en clarifier les contours. En France, sauf dispositions contraires, l’employeur est libre de payer le salarié à la fin du mois ou dans le courant du mois suivant. Dans la fonction publique, les salaires sont invariablement versés 2 jours ouvrables avant le dernier jour ouvrable du mois. Dans le privé, les rémunérations sont en règle générale versées en début de mois. Ainsi, nous considèrerons que le début de mois est situé entre les 4 derniers jours du mois en cours et des 6 premiers du mois suivant. La fin de mois correspond quant à elle aux 10 jours précédents. 1. Les Français sont-ils plus dépensiers lorsque tombe la paye ? OUI. Le début de mois est, de loin, la période pendant laquelle les foyers dépensent la plus grande part de leur budget alimentaire en circuits généralistes, soit 38% du budget en moyenne (cumul janvier-mai 2023) – voire plus chez les modestes et jeunes familles –, contre 29% sur la fin de mois. 2. Le début de mois est-il le moment où les Français remplissent leur réfrigérateur ? OUI. Les grosses missions de courses représentent 6% de plus au moment où le revenu est accessible. Les rayons surgelés et entretien sont surreprésentés dans les caddies de début de mois. Les enseignes d’hypermarchés et de drive, et plus particulièrement Auchan ou encore E.Leclerc, surperforment à ce moment-là. À l’inverse, les supermarchés et les enseignes de proximité sont relativement moins fréquentés. 3. En période d’inflation, les ménages répartissent-ils différemment leurs dépenses ? OUI. Sur les cinq premiers mois de l’année, les Français ont « consommé » leur revenu disponible moins rapidement que l’an dernier, en réduisant notamment la part du budget courses utilisé sur la deuxième et la troisième semaine au profit de la fin de mois (+1,9 point). Ce comportement transversal est légèrement plus prononcé chez les ménages de la classe moyenne inférieure ou modeste. En parallèle et de manière générale, les shoppers ont diminué les grosses missions de courses au profit de paniers de routine et ont concentré leurs dépenses promo sur le début du mois. 4. Certains acteurs profitent-ils de ces changements de comportements ? OUI. Depuis le début de l’année, E.Leclerc, Lidl et Aldi enregistrent une progression de leur part de marché valeur plus importante sur la fin de mois que sur l’ensemble de la période. À l’inverse, les positions sont davantage challengées pour Carrefour, Auchan et U. Que retenir de cette étude ? Que retenir de cette étude ? Début, fin de mois : comment les français répartissent leurs dépenses ? Par Fabien Paraisot, Client Leader Retail Insights